Qu'est-ce que c'est ?
La protection des enfants contre l'exploitation sexuelle en ligne est un travail difficile qui implique de travailler avec des documents sensibles qui ont souvent trait à des informations personnelles concernant des victimes potentielles et à des informations relatives à des procédures pénales. Les organisations engagées dans ce travail bénéficient de structures et de pratiques organisationnelles qui promeuvent le professionnalisme, des normes éthiques élevées et le bien-être du personnel et des survivants. Les besoins spécifiques de chaque organisation peuvent varier en fonction de sa mission, de ses obligations légales ou réglementaires et de son autorité. Toutefois, certains principes généraux peuvent être appliqués, notamment :
- une sélection et une formation spécialisées pour le personnel qui est en contact avec des informations et des documents sensibles ;
- des politiques claires qui définissent l'autorité, les responsabilités, les attentes et les restrictions concernant les interactions du personnel avec des informations et des documents sensibles ; et
- des capacités de contrôle et des pratiques d'application pour garantir le respect des politiques, promouvoir le bien-être du personnel et des survivants, et atténuer les risques associés à l'utilisation non autorisée ou inappropriée d'informations et de documents sensibles.
Position du NCMEC :
Toutes les organisations — qu'elles soient issues du gouvernement, de la société civile ou du secteur technologique — qui utilisent des informations et des documents sensibles sur l'exploitation sexuelle des enfants devraient adopter des processus formels, des politiques écrites et des pratiques normalisées pour promouvoir la confidentialité, la discrétion, l'efficacité et la résilience du personnel.
Pourquoi est-ce important ?
Dans tous les secteurs, les personnes et les organisations qui se consacrent à la protection des enfants contre les préjudices en ligne sont fréquemment exposées à des informations et à des documents sensibles. Il s'agit notamment d'images et de vidéos de CSAM, de communications textuelles explicites, de révélations de survivants, d'aveux de criminels et d'autres détails liés à l'abus sexuel et à l'exploitation sexuels d'enfants. En l'absence de règles, d'attentes et de mesures de responsabilisation clairement définies, même des personnes bien intentionnées peuvent, par inadvertance, causer ou subir un préjudice dans le cadre de ce travail délicat.
Les organisations doivent mettre en œuvre des processus, des politiques et des pratiques appropriés pour garantir des résultats positifs, par exemple :
- le respect des restrictions légales en matière d'accès aux informations et documents sensibles ;
- l'efficacité des performances au travail et des services fournis par des professionnels triés sur le volet, hautement qualifiés et bien formés, qui appliquent les meilleures pratiques dans leurs disciplines respectives ;
- la résilience et le bien-être du personnel grâce à une gestion réussie du stress traumatique secondaire, minimisant ainsi l'épuisement professionnel ;
- la longévité professionnelle, pour le développement d'une expertise en la matière au fil du temps, ce qui améliore encore l'efficacité et l'impact ;
- la protection des victimes et des survivants grâce à des pratiques qui sécurisent et limitent l'accès aux informations et documents sensibles au plus petit nombre de personnes nécessaire pour atteindre des objectifs légitimes.
Quel contexte est pertinent ?
Presque toutes les organisations peuvent accéder à des ressources pour identifier les lacunes et mettre au point des solutions liées aux processus, politiques et pratiques qui soutiennent les efforts professionnels, éthiques et durables contre l'exploitation sexuelle des enfants en ligne. Chaque organisation aura des besoins distincts, et la mise en réseau des parties prenantes — en particulier pour partager l'expertise — peut stimuler les efforts en vue d'apporter les changements appropriés.
Il existe plusieurs exemples de coalitions et d'associations — certaines spécifiques à un secteur et d'autres intersectorielles — qui se concentrent sur le partage de l'expertise et des meilleures pratiques relatives aux efforts organisationnels de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants en ligne. La Technology Coalition, une association industrielle axée sur la lutte contre l'abus et l'exploitation sexuels d'enfants en ligne, collabore avec ses sociétés membres pour élaborer et partager les meilleures pratiques et l'expertise de chacune en la matière. Le NCMEC a été l'un des premiers membres d'INHOPE, une association internationale de hotlines de signalement sur Internet qui, en 2024, comprend des membres dans 50 pays. Grâce à INHOPE, les membres ont accès à une expertise diversifiée au niveau mondial et à des « politiques de meilleures pratiques » relatives aux opérations des hotlines. Les organismes chargés de l'application de la loi s'engagent dans l'Internet Crimes Against Children Task Force Program des États-Unis, travaillent en réseau par l'intermédiaire du Specialists Group on Crimes Against Children d'INTERPOL, et participent à diverses conférences et formations dans le monde entier afin de perfectionner et de partager leur expertise et leurs meilleures pratiques.
L'adhésion à WeProtect Global Alliance — une organisation regroupant des agences gouvernementales, des sociétés technologiques, des organisations non gouvernementales et autres — est possible même pour les organisations très petites ou localisées qui luttent contre l'exploitation sexuelle des enfants en ligne. La mise en réseau par l'intermédiaire de l'Alliance peut faciliter l'établissement de liens entre les membres afin qu'ils puissent partager leur expertise et leurs meilleures pratiques.
À l'instar d'une approche « Safety by design » du développement de produits, les organisations doivent régulièrement revoir et envisager de mettre à jour les processus, politiques et pratiques pertinents afin de lutter efficacement contre l'exploitation sexuelle des enfants en ligne. Diverses composantes d'une organisation ont un rôle à jouer, notamment le personnel/les ressources humaines, les services juridiques, les équipes opérationnelles et les experts en technologie. En fin de compte, les dirigeants doivent être responsables des pratiques durables, professionnelles et éthiques et s'engager à les mettre en œuvre.
Le NCMEC a mis en œuvre une série de mesures pertinentes dans le cadre de ses efforts organisationnels pour lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants en ligne, notamment :
- des processus de sélection adaptés pour les candidats à l'emploi afin d'évaluer leur aptitude à des fonctions professionnelles spécifiques, en particulier en ce qui concerne les facteurs de stress associés à l'exposition au CSAM ;
- un accès contrôlé au CSAM signalé à la CyberTipline ou soumis au Child Victim Identification Program, qui est limité aux employés chargés de traiter les signalements ou de procéder à l'analyse de l'identification des victimes ;
- des services de soutien en matière de santé mentale, assurés par des professionnels sous contrat, et mis à la disposition de l'ensemble du personnel pour l'aider à gérer le poids émotionnel de son travail ;
- des systèmes de sécurité physique et électronique robustes conçus pour protéger les informations sensibles contre tout accès non autorisé et pour permettre des contrôles concernant les documents sensibles ; et
- des politiques approuvées et documentées sur la manière dont les informations et les images sont partagées avec les forces de l'ordre et d'autres organisations partenaires.
Qu'en ont dit les survivants ?
Les survivants apprécient les efforts des personnes travaillant dans le domaine de la protection de l'enfance et reconnaissent les risques associés à l'exposition au CSAM et à d'autres informations sensibles. Ils expriment leurs préoccupations quant au traitement et à la sécurité appropriés du CSAM afin de minimiser l'exposition et de maximiser la protection des survivants. Les organisations de tous types devraient formuler et appliquer des politiques et agir de manière décisive et transparente en cas d'inconduite.
L'adoption de processus, de politiques et de pratiques pertinents est également cruciale pour garantir que les processus organisationnels tiennent davantage compte des traumatismes. Ces mesures peuvent aider les organisations à minimiser le risque de traumatiser à nouveau les survivants durant leur parcours dans les systèmes juridiques, à interagir avec le personnel de l'organisation et à accéder à des services de soutien.
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La résilience des héros de notre communauté qui contribuent à la sécurité de nos enfants doit être reconnue et célébrée, mais devrait s'accompagner de moyens appropriés pour faire face à la situation. Nous devons donner la priorité à la santé mentale et au bien-être de ces héros afin qu'ils puissent continuer à faire preuve de résilience et à protéger nos enfants.
- Un(e) survivant(e)
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Les organisations ont la responsabilité de prendre soin de leurs employés, bénévoles, (etc.) qui travaillent dans des situations qui les exposent à une forte probabilité de traumatisme vicariant.
- Un(e) survivant(e)
Sur quoi s'appuient les points de vue opposés ?
Bien qu'il n'y ait pas d'opposition notable à ces idées, certains points de vue contradictoires peuvent découler de la crainte que des politiques et des pratiques strictes n'empêchent les organisations et les individus de prendre des mesures plus poussées pour lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants en ligne. Ceux qui opèrent dans des contextes où de telles structures ne semblent pas nécessaires — en raison de circonstances sociales, culturelles ou juridiques locales — peuvent les considérer comme un fardeau pour des mesures efficaces et proactives visant à protéger les enfants. En outre, les personnes axées sur l'intervention peuvent penser que le besoin urgent de « sauver » une victime dans certaines circonstances l'emporte sur d'autres considérations importantes, ou justifie de les négliger.