Qu'est-ce que c'est ?
Le chiffrement de bout en bout (E2EE) désigne une technologie qui bloque ou empêche tout tiers de voir, de lire ou de prendre connaissance des informations qu'une personne a envoyées à une autre via l'Internet.
Position du NCMEC :
Le chiffrement de bout en bout ne doit pas être adopté sans la mise en œuvre de solutions technologiques, d'exceptions ou d'autres stratégies éprouvées pour prévenir, détecter, entraver et signaler l'exploitation sexuelle des enfants.
Pourquoi est-ce important ?
L'adoption par les plateformes en ligne de l'E2EE sur leurs services de communication (tels que les plateformes de tchat et de messagerie) les empêche de détecter les activités illégales dans les environnements cryptés, y compris l'exploitation sexuelle des enfants en ligne par la distribution de matériel d'abus sexuel d'enfants (CSAM), l'incitation et la sextorsion.
Quel contexte est pertinent ?
Les plateformes en ligne, notamment les services qui permettent la communication de textes, d'images, de voix et de vidéos entre les utilisateurs, sont fréquemment utilisées par les criminels pour demander et distribuer du CSAM et pour manipuler, ou « groom », des enfants à des fins sexuelles. Lorsque les plateformes ne sont pas soumises à l'E2EE, le contenu peut être filtré spécifiquement pour détecter, signaler et supprimer le CSAM et tout ce qui a trait à l'incitation sexuelle des enfants en ligne. Sur les plateformes qui utilisent l'E2EE sans avoir mis en œuvre d'autres technologies ou stratégies de détection, il est impossible de procéder à un filtrage isolé, de sorte que les activités d'exploitation sexuelle des enfants demeurent indétectables, et ne sont ni signalées ni supprimées.
Que révèlent les données ?
Le NCMEC s'attend à ce que les signalements d'exploitation sexuelle d'enfants en ligne diminuent ou manquent d’informations permettant d'identifier un enfant victime ou d'enquêter sur un criminel au fur et à mesure que les plateformes adopteront l'E2EE sans mettre en œuvre d'autres mesures pour détecter les agissements préjudiciables. Si l'E2EE n'est pas nouveau, son adoption à grande échelle en tant que fonction par défaut sur les plateformes de médias sociaux comptant un très grand nombre d'utilisateurs est plus récente et en pleine croissance. Alors que de plus en plus de plateformes adoptent l'E2EE, le NCMEC a davantage de données à partager concernant l'impact sur l'exploitation sexuelle des enfants en ligne.
Les forces de l'ordre du monde entier, et les criminels eux-mêmes, savent que les plateformes dotées de l'E2EE sont fréquemment utilisées pour l'exploitation sexuelle des enfants. Cependant, en l'absence de technologies et de stratégies alternatives pour prévenir, détecter, dissuader et signaler l'exploitation sexuelle des enfants, ces agissements sont dissimulés et les criminels sont anonymisés par l'E2EE et ne sont presque jamais découverts.
Qu'en ont dit les survivants ?
Les enfants survivants de l'exploitation sexuelle en ligne ont identifié la distribution de CSAM les dépeignant comme un préjudice important qui se poursuit longtemps après que l'exploitation a eu lieu. La détection, le signalement et la suppression de CSAM en ligne sont importants pour protéger les survivants, qu'ils soient identifiés ou non, de cette victimisation continue et pour protéger leur vie privée.
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En tant que survivant(e), lorsque j'entends parler de l'E2EE, je ne me sens pas en sécurité. Je me sens terrifié(e). Je ressens une immense anxiété face aux possibilités que l'E2EE offre aux prédateurs. Si les plateformes ne sont pas en mesure de dépister le CSAM, elles ne trouveront pas le CSAM. Cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas. Il ne doit pas s'agir d'un problème « loin des yeux, loin du cœur ». L'E2EE entraînera une diminution du nombre de signalements, mais pas du nombre de victimes.
- Un(e) survivant(e)
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Les victimes, comme moi, d'abus sexuels d'enfants familiaux ne seront jamais libérées de la circulation de nos abus si le chiffrement continue à protéger les prédateurs.
- Un(e) survivant(e)
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Je veux que les génies qui sont à l'origine de l'E2EE et d'autres technologies en rapide expansion utilisent leurs dons de créativité et leurs connaissances pour le bien de tous. Ne cessez pas de créer ces incroyables technologies. En même temps que vous créez et à adaptez, permettez aux survivants d'être mieux entendus. Ensemble, nous pouvons trouver une solution à n'importe quel problème. Nous ne devons pas renoncer à adapter l'E2EE et d'autres technologies de sorte qu'elles puissent protéger la vie privée de l'utilisateur moyen tout en donnant la priorité à la sécurité de tous. Nous devons protéger nos enfants par des mesures préventives lorsque nous développons de nouvelles technologies.
- Un(e) survivant(e)
Sur quoi s'appuient les points de vue opposés ?
L'E2EE est souvent présenté comme une mesure de protection de la vie privée visant à protéger les communications des utilisateurs contre un accès involontaire et non autorisé. Les appels à s'opposer à l'E2EE, à créer des exceptions pour l'exploitation sexuelle des enfants ou à adopter des solutions technologiques supplémentaires ou d'autres stratégies pour lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants sont souvent accueillis par des arguments insidieux. Les partisans de l'E2EE s'inquiètent également de la possibilité que des mesures destinées spécifiquement à lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants puissent être détournées par des régimes gouvernementaux oppressifs ou d'autres acteurs malveillants pour cibler des utilisateurs engagés dans des activités non apparentées, telles que la dissidence politique ou la liberté de la presse.